Histoire de l’Institut
Notre-Dame de 1638 à nos jours…
Origines
Malheureusement, dès 1639, Madame de Villers et Madame de Moy succombèrent, laissant leurs protégées dans le désarroi car les héritiers refusaient de verser les rentes dont les avait chargés la fondatrice. La situation devint dramatique pour le jeune monastère abandonné de tous les amis d’hier, jusqu’à ce que le soutien de leur évêque vienne retourner les esprits en leur faveur.
Elles accueillirent alors de nombreuses élèves et jouirent d’une excellente réputation, jusqu’à la révolution de 1789.
LA REVOLUTION ET L’ARRIVEE A ORBEC
Les religieuses ayant unanimement refusé de prêter le serment exigé par la loi durent abandonner tous leurs biens et se disperser.
Certaines rejoignirent leurs soeurs de Honfleur et furent incarcérées pendant six mois à la Lieutenance, se préparant avec joie au martyre, mais le jour même où elle devaient monter à l’échafaud, la mort de Robespierre les délivra » le tyran est mort, les prisonniers sont libres ! »
En 1799, le Premier Consul fit rouvrir les églises. C’est alors que la mère supérieure, Anne Vitrouil de la Grandière, réfugiée à Orbec dans sa famille, forma le projet de regrouper toutes les exilées qui lui étaient restées fidèles et soupiraient après la réunion. Elle loua la maison de Loraille en 1805. Toutes celles qui le purent répondirent à l’appel et bientôt, l’oeuvre d’éducation reprit. Cependant, les religieuses conservaient toujours l’espoir de rentrer en possession de leur Maison de Bernay, mais les notables de la ville s’y opposèrent absolument. Il fallut donc se résigner à rester à Orbec.
La Communauté se trouva bientôt en mesure de faire l’acquisition d’un bâtiment plus spacieux. En 1811, elle acheta le couvent des Capucins. Une grande pièce du rez de chaussée servit de chapelle. La première messe y fut célébrée la nuit de Noël, vivant souvenir de la fondation de leur ordre en 1598.
Les autres propriétés des Capucins furent acquises successivement jusqu’en 1851. Leur chapelle étant tombée en ruines, il s’avéra nécessaire d’en construire une nouvelle. La première pierre fut posée en 1824 par Anne Vitrouille de la Grandière ( on peut la voir encore aujourd’hui ) la générosité des amis permit que tout soit achevé l’année suivante. Mais hélas ! le chapelain du monastère d’Orbec, malade mental soit disant guéri était plus entreprenant que clairvoyant et les religieuses qui rêvaient d’une chapelle sur le modèle de celle de Bernay, furent profondément déçues.
On avait déjà fait l’acquisition de deux maisons assez vétustes : l’une pour les classes gratuites ( petites filles de milieux très démunis ), l’autre pour l’externat payant ( filles des employés et commerçants de la ville) . Le nombre des pensionnaires augmentant, elles étaient à l’étroit dans le bâtiment des Capucins. Il fut donc décidé en 1830 de construire le pensionnat. Les travaux commencés furent vite interrompus par la révolution de 1830 et ne purent reprendre qu’en 1834. Les fondations furent particulièrement soignées. On peut admirer la perfection des arêtes de la voûte de la cave où pouvaient trouver place : le pressoir, un puits et nombre de tonnes et tonneaux. Les travaux ne furent achevés qu’en 1836.
Cette modeste construction est remarquable par une certaine élégance due aux proportions habilement aménagées.
Vers 1841, un cloître fut construit pour les pensionnaires à l’emplacement de l’actuelle grande salle.
En 1867, on disposa, pour les élèves de Saint Pierre Fourier et de Saint Joseph, le préau qui sert encore aujourd’hui.
Guerre de 1870
La guerre incite la communauté à inaugurer l’orphelinat.
En 1871, les Prussiens envahissent Orbec. Ils exigent une rançon et des vivres en abondance. Six d’entre eux sont hébergés chez le chapelain ( dans le presbytère qui avait été construit en 1842 )
Le nombre des orphelins passe alors de 10 à 22. On doit agrandir leur logement et pour leur procurer une sortie indépendante, on fit construire pour elles l’escalier de pierre qui donnait sur le parc.
En 1875, la maison des classes externes est remplacée par le bâtiment de St Joseph (à droite quand on tourne le dos au perron du pensionnat) et c’est en 1901 qu’est posée la première pierre de « St Pierre Fourier » qui sera en tout identique à « St Joseph ».
En 1902, à la demande de l’Abbé Guillaume, nommé aumônier du Pensionnat, plusieurs religieuses des « Oiseaux de Paris » viennent apporter leur aide pour l’enseignement. En 1903, Mère Marie du Rosaire, future Mère Générale, assure la direction du Pensionnat.
1904 – Promulgation des lois interdisant l’enseignement aux prêtres et aux religieux
Ces lois jettent l’inquiétude dans la Communauté, mais on espère que la présence des Orphelines et le « Fourneau des Indigents » installé à « St Pierre Fourier » à la demande de la municipalité, permettraient d’échapper au sort des religieuses enseignantes – mais il n’en fut rien –
Dès 1906, ordre brutal d’expulsion – Juillet 1907, inventaires et fermeture.
Grâce à la sollicitude du jeune Abbé guillaume, une maison achetée à saint Léonard, en Angleterre, attend les religieuses. Déjà quelques jeunes filles françaises y étudient l’anglais.
Quant aux soeurs trop âgées pour partir, elles sont autorisées à rester en attendant que leur séjour à l’hospice Saint Rémi soit organisé. C’est le 3 juillet 1908 qu’ anciennes élèves et amis de la maison assistent indignés et impuissants au lamentable exode. La famille du Merle , toujours secourable, reçoit à la petite Vespière les quelques religieuse restées pour entourer les Soeurs Anciennes hospitalisées.
Dès octobre 1908, mesdemoiselles Gabrielle et Berthe Leroi, qui ont organisé un pensionnat- externat libre, peuvent recevoir quelques pensionnaires et externes au manoir de Lorailles qui se révèle rapidement trop petit.
Pendant ce temps, l’école communale occupe les locaux scolaires du couvent en attendant l’agrandissement de l’école publique d’orbec.
Dès 1909, vente aux enchères du Monastère. Grâce au secours de très nombreux amis, l’Abbé Ruelle, curé d’Orbec, peut se porter acquéreur dans l’intention de restituer aux religieuses les biens dont elles ont été spoliées.
Cela permet aux demoiselles Leroi et à leurs élèves de réintégrer les classes du couvent dès octobre 1910.
PREMIERE GUERRE MONDIALE 1914-1918
A la faveur de l’« Union Sacrée », Mère Marie-Claude, Mère Hélène et Mère Marie-Thérèse rentrent discrètement de St Léonard’s et, peu à peu, le nombre des « mantilles » augmente.
La vie reprend son cours fervente, généreuse pour les soldats inconnus et connus. On est avide des nouvelles du front.
En 1915, les classes de « St Joseph » et « St Pierre Fourier » sont réquisitionnées pour loger des réservistes, des aumôniers et des prêtres-soldats servent de chapelains. Des réfugiés belges arrivent avec leurs enfants. Deux soeurs flamandes vont leur faire la classe jusqu’à la fin de la guerre.
Les restrictions commencent surtout en 1917 ( sucre et viande ), alors les réfugiés arrivent de plus en plus nombreux et d’une faiblesse extrême.
1918 voit le nombre augmenter. La ligne du front se rapproche de Paris et la Normandie semble moins exposée. Mais peu à peu l’avantage de nos armées se confirme et le 11 Novembre, les cloches de la victoire retentissent !
Alors, tous les locaux scolaires sont récupérés et retrouvent leurs occupantes.
Le cours des études reprend ponctué de cérémonies religieuses, retraites, conférences, pièces de théâtre montées grâce au talent de Suzanne Alger, examens , visites de l’inspecteur… le tout se terminant par la solennelle distribution des prix !
En 1927, le nombre croissant de pensionnaires nécessite la construction de la grande salle surmontée d’un dortoir avec infirmerie. Le bâtiment est couronné d’une terrasse.
C’est seulement en 1928 que le Noviciat rentre à Orbec. Désormais prises d’Habits et Professions se feront dans la chapelle ; et surtout ce souffle de jeunesse contribuera à créer cette ambiance joyeuse et familiale très caractéristique du Pensionnat Notre Dame .
Mais il faut construire encore : le 10 octobre 1929, pose de la première pierre de la « Sainte Famille » qui sera achevée en 1930 et rapidement suivie de la construction du second dortoir sur la terrasse ménagée à cet effet.
On peut alors solliciter l’ouverture du secondaire – autorisation obtenue en 1932- Jusque là l’enseignement comportait le cycle primaire complet : CEP, BEP, et Brevet Supérieur ( examen pédagogique destiné aux futures institutrices)
En Décembre 1935, les Novices à l’étroit dans la communauté devenue très nombreuse , entrent dans leur noviciat tout neuf qui s’élève à l’emplacement de la chapelle des Capucins.
Un autre événement qui a fortement marqué les élèves de cette époque, c’est le premier départ au Vietnam. La congrégation est devenue missionnaire .
Quant au Tricentenaire de 1938, impossible de détailler les cérémonies et festivités qui se sont déroulées au cours de ce Triduum.
DEUXIEME GUERRE MONDIALE
La rentrée 1939- 40 se fait sous le signe de la mobilisation. La guerre amène en Normandie des Soeurs du Nord et de l’est ainsi que de nombreux élèves ( plus de 100 au pensionnat )
Au mois de Mai, c’est l’invasion de la Belgique et du Luxembourg. Des colonnes de réfugiés, venus à pied avec tout ce qu’ils espèrent sauver, trouvent au pensionnat une halte bien nécessaire. Certains demandent à rester. En cinq minutes, évacuation. Par groupes successifs, professeurs, élèves qui n’ont pu rejoindre leurs parents, jeunes religieuses se dirigent vers la Vendée…où les allemands les rejoindront bientôt.
En septembre, retour de Vendée. La rentrée peut se faire ; l’externat est même libéré de ses occupants .
La fondation de l’école familiale, ménagère et rurale ( FMR ), manifeste l’invincible confiance en un avenir meilleur. En 1942, le nombre des « FMR » ayant augmenté, les Novices leur cèdent une partie de leurs locaux.
Au pensionnat, la vie se déroule presque normalement malgré les difficultés des communications, les restrictions, les deuils qui se multiplient.
En 1944, des bruits inquiétants circulent et des familles reprennent leurs enfants. Mais c’est surtout le 6 Juin que la situation s’aggrave. Nuit angoissante : l’horizon est rouge au-dessus de Lisieux en Flammes. A Orbec, toute la journée, les bombes un peu partout. L’église est atteinte.
Le 19, les vingt élèves restantes sont disséminées dans la campagne, chez des familles amies. Une soixantaine de religieuses passent la nuit à la champignonnière où de nombreux orbecquois sont réfugiés- et pour ceux et celles qui restent au Couvent , une tranchée a été creusée dans le parc .
A partir de juillet, les réfugiés affluent : rescapés de la terrible bataille de Caen, victimes de pillages systématiques perpétrés par les allemands qui ne veulent rien laisser aux Anglais. Le service est très bien organisé par le Secours National d’Orbec. La ville fournit l’alimentation et au pensionnat on cuisine toute la journée tandis que, dans la grande salle, on lave les pieds, on panse les plaies avant de les installer pour une nuit d’un lourd sommeil, dans les dortoirs.
Le 22 août, les Canadiens français arrivent. Ils sont accueillis comme des sauveurs, mais ce n’est pas encore la fin – avions allemands et alliés s’affrontent. Des batteries allemandes tirent. C’est le 23 , dans l’après midi, que le couvent est le plus gravement atteint : un obus détruit un coin de la communauté, blessant une postulante sous les décombres .Un autre arrache le toit du pensionnat ( actuel Plein Ciel ) un troisième tombe dans la cour de récréation – toutes les vitres sont brisées.
Enfin le 25, à midi, cloches de la Libération! Joie ! les gens s’embrassent dans la rue !
Bientôt Notre dame de Boulogne commence son long périble . Elle arrive à Orbec le 6 mars 1946. Quelle émotion quand la blanche Madone si vénérée apparaît ! un chant de reconnaissance monte de tous les élèves. Les Missionnaires du Grand Retour font prier pour la grande détresse de la France. Après une nuit de ferveur à l’Eglise qui n’est pas assez vaste pour contenir tous les habitants, Notre Dame de Boulogne s’achemine vers Saint Germain-la-campagne, suivie d’une foule compacte et recueillie.
1946 est aussi l’année de l’inauguration du cours du soir où Soeur Henriette initiera de nombreuses mères de famille à la coupe et à la couture
Après ces années d’épreuves, un événement heureux va marquer toute une génération d’élèves : la Béatification de Mère Alix !
Dès le 28 avril, le train rose emmène les joyeuses pèlerines de Normandie. Turin, Pise, Florence …
Enfin Rome…Rome est aux chanoinesses et à leurs élèves, il en débouche de partout et les visites se poursuivent jusqu’au matin du 4 mai où le décret de Béatification est solennellement proclamé…Te Deum…cloches de Saint Pierre. On découvre la « Gloire » , tableau représentant Mère Alix.
A 18 heures, le saint Père Pie XII vénére la nouvelle Bienheureuse et, à l’audience du lendemain, il prononce le panégyrique. Ensuite, il s’attarde, visiblement heureux au milieu de ces jeunes : » Vous êtes gentilles d’être venues si nombreuses, priez pour moi, je prierai pour vous »
Au retour, les festivités ne sont pas terminées. il faut que celles qui n’ont pu partir aient leur Trideum au cours duquel un éminent prédicateur célébrera à son tour les vertus de Mère Alix.
L’APRES-GUERRE
Restaurations, modernisation. réorganisation des classes.
En 1962 les FMR deviennent les « AGRI ». L’accent est mis sur l’enseignement agricole en vue de diplômes officiels. C’est alors que l’on fait construire la stabulation libre et la salle de traite. Bientôt un cours alternant, de type « maison familiale » assurera une meilleur implantation dans le milieu rural environnement.
Rénovation également de l’externat Saint Joseph ce qui permet en 1956 de regrouper externes et pensionnaires dans les classes primaires.
Au secondaire, la mixité est introduite en 1965 et l’année suivante, des élèves de seconde, première et de terminale sont accueillis à Lisieux. A Orbec, les AGRI qui préparent Sciences Expérimentales en attendant le brevet de Technicienne Agricole, seront donc les aînées.
En 1968 nouveaux aménagements à la chapelle. L’autel de marbre est remplacé par celui du Noviciat. Les stalles sont supprimées à l’exception de celles qui viennent de l’Abbaye du Bec.
Pour le service du pensionnat et de la communauté, une vaste buanderie prolonge le bâtiment des Capucins jusqu’à la rue tandis qu’à l’autre extrémité le nouveau réfectoire s’élève. Il communique largement avec une cuisine fonctionnelle.
Une pénible décision: le 27 Juin 1920, l’Ecole Agricole aux prises à de nombreuses difficultés entre autres de recrutement, est obligée de fermer. L’internat des garçons de Montsaint s’installe immédiatement à sa place. Les classes Primaires réunissent alors les élèves de Notre Dame et de Montsaint.
La mixité à tous les niveaux permet de compter jusqu’à 500 élèves, ce qui conduit à adopter le self-service. Cinq circuits de ramassage facilitent la fréquentation des élèves des environs. C’est aussi en 1972 que des salles claires et gaies sont mises à la disposition des classes maternelles, à la place de l’ancienne buanderie.
Comment cette période de renouveau a-t-elle été vécue au niveau des élèves ?
On peut remarquer, d’année en année, de meilleures relations entre élèves de milieux différents et une plus grande ouverture sur l’extérieur.
Les excursions et les voyages deviennent une tradition : Falaise, la route de Lorraine en 1965, le Lude, Jersey, Le Bec Hellouin, le voyage en Hollande des AGRI, l’Angleterre et pendant les vacances, les camps chantants et le camp de Saint Vaast la Hougue.
Les promenades du jeudi, peu appréciées sont remplacées par des activités à caractère social : visites aux vieillards de l’Hospice, aide à des mamans surchargées, participation au catéchisme.
Enfin la présence des garçons impose une diversification des sports avec la création du terrain de foot et la fréquentation du gymnase municipal.